Débat avec Sophie



3 septembre 2011

Voila j'ai rédigé quelques impressions .
Dans le blog, parfois il y a peut-être des répétitions de date ou des photos moins intéressantes. Cela peut disperser l'attention.
 Même les traducteurs chevronnés ont du mal à comprendre directement un livre de langue un peu soutenue ...L'univers mental n'est pas le même. Et surtout, en chinois le sens passe souvent en contrebande.
Il y a quelques noms propres à préciser  comme Tai'an, Taishan ( sans j)  .
On ne voit pas toujours assez  bien les rapports entre le point de vue éthologique, fouillé,  et le reste. 

En lisant de plus près :
Sur la question de la date des caractères et de leur nombre :
L’écriture chinoise  est remarquable plus par sa continuité que par son ancienneté relative. En l’an 100, on fait un inventaire : 10 000 caractères  (dans le Shuowen jiezi, présenté à l’empereur), dit V.Alleton.
-si j’en crois mes lectures, la première écriture a été l’écriture cunéiforme,  inventée en Mésopotamie entre -3400 et -3300. Ni l’alphabet, ni les caractères.
On ne peut attester l’écriture chinoise avant les jiaguwen (inscriptions sur os et carapaces de tortue avec une écriture apparue au XIV° S avant  notre ère, identifiées en 1898)  soit 2 millénaires après  les textes cunéiformes.  Il n’y a pas eu 40 000 caractères actifs, ni dès le début  ni maintenant. Ce ne peut être qu’un total. 
Voir La pensée en Chine aujourd’hui, chapitre rédigé par V.Alleton p 261.


-« Mais ce qui nous concerne, la langue concerne également les mœurs et les coutumes, la gestion de l'état, la vie en société plus généralement l'éthologie » 
  Je suis bien d’accord de l’importance de la langue, de l’effet réciproque de structuration des conduites,  il me semble que sous le mot de comportement, nous ne mettons pas la même chose. Il me semble que tu y  mets la recherche des ressources « matérielles »( j’emploie ce mot faute d’en trouver un meilleur.)
Je me retrouve davantage dans la définition  de Margaret Mead à propos d’un livre sur les balinais   «  ceci n’est pas un livre sur les coutumes balinaises, mais sur les Balinais, leur façon à eux, êtres vivants, de bouger, de se tenir debout, manger, dormir, danser, entrer en transe, d’incarner cette notion abstraite que nous appelons d’un terme technique, la culture ». 

Je ne songe pas à dire que la recherche des ressources de vie et de reproduction est sans importance mais que sa manière d’y parvenir  est primordiale. 

Par ex, quelque chose d’étonnant pour « nous » est la capacité des chinois à dormir,  paisiblement, en pleine journée, dès qu’ils ont 5mn, dans leur magasin, sur leur charrette, ou allongés sur leurs tapis à Panjiayuan.  
La relation aux invisibles (morts, esprits, ancêtres, divinités) et de la « religion » ne peut pas non plus être évacuée simplement, comme l’a longtemps fait le PCC en parlant de superstitions rétrogrades, avec la modernisation à marche forcée.  

Le mot de religion n’est pas un mot chinois, c’est un mot créé assez récemment. En Chine on parle des « enseignements » c'est-à-dire  plutôt de sagesses. Religion est un mot trop unificateur.

Comment la visite au temple des nuages blancs s’articule-t-elle avec la visée éthologique ?  Ce qui est intéressant c’est de croiser les approches pour voir à quelles problématiques (il n’y en a pas qu’une ), répond un comportement. Quel est le sens des activités des chinois à ce temple ? C’est important.
 Pour en avoir une idée on peut regarder les institutions (voir les plaques à l’entrée) dont le temple est le siège et les pratiques des croyants. 

Pour Vincent Goossaert, les temples sont  des salles d’audience pour exprimer les demandes et prières et non le siège régulier d’activités collectives, sauf les foires annuelles.

En Chine actuellement il y a 5 « religions » : taoïsme, bouddhisme, islam, catholicisme, protestantisme (en pointe).( Ce que nous appelons confucianisme,  qui est l’école des lettrés,n'est pas une religion)

Le nombre des temples a énormément baissé au XX°s pour des raisons de campagnes politiques et d’interdictions mais il remonte un peu. Les gens ne se disent pas forcément croyants quand ils le sont, les membres du « clergé » sont parfois « maîtres au foyer » c'est-à-dire qu'ils ont un travail et ne résident pas au temple. La question est sensible : l’église de Shouwang (protestants Pékin) a été démantelée en partie ( ?) en juillet, l’obédience au pape pour les cathos vient d’être l’occasion de pressions…

Et selon Cyrille Javary, s’il devait n’y en avoir qu’une, ce serait le culte des ancêtres.

- Pour le Palais d’été:
C’est un peu dommage de ne pas en dire plus. A la suite de quoi  il a été construit et par qui, et ce qu’était l’ancien palais d’été, comment il a été détruit. (Attention, il y en a 2 , l’ancien et le nouveau).

- "De toutes manières, il faut se rendre à l'évidence, c'est quand même un pays qui fournit en ressources de vie et de reproduction  tellement de gens."
C’est vrai, avec une politique sévère de contrôle des naissances et du droit de circuler.
Le décollage s’est fait par l’exploitation des paysans (fixation des prix, instauration du passeport intérieur « hukou », non propriété de la terre, collectivisations, dans certains cas extorsion des productions agricoles, gigantesque déplacements de populations) pour créer un surplus et permettre l’accumulation.  C’est aussi pourquoi ils espèrent une vie un peu meilleure en venant en ville et dans les usines. De plus les terres cultivables sont rares à cause du relief et de la sécheresse aggravée par la déforestation.
Par ailleurs, il y a un fort attachement familial  à telle terre, on peut souvent dire le « village des  untel » et le pays natal familial est une référence comme on le voit aux migrations de la fête du printemps. Être un peuple de paysans ce n’est pas être un peuple de voyageurs ou de marins.

-Visite des Mings et des Qing (Musée national). Moins copieux que la paléontologie, peut-être parce que cela rappelle des mauvais souvenirs d'échecs face aux colons ( ?) européens.

 Non seulement l’évaluation de la période maoïste au sens large, au sens large, n’a pas été entérinée officiellement  de manière définitive mais celle des Qing non plus.
Il semble que l’empire mandchou aurait été  plus tolérant à l’égard des cultures nationales, en matière d’autonomie politique et même de systèmes juridiques. Ce qui n’est pas le cas de l’État moderne chinois qui exige l’unification absolue.
 Le grand problème c’est la tension entre modernité et identité chinoise.
 Mais comme la défaite, l’humiliation due aux guerres de l’opium et l’incapacité à résister aux agresseurs occidentaux sont attribués à l’arriération chinoise du 19°s, la Chine, pas seulement l’État mais aussi en 1919  la jeunesse , a voulu la modernisation (= occidentalisation ) à partir au moins de mai 1919, c'est-à-dire  le rejet du confucianisme,puis  l’industrialisation, les réformes de l’écriture, la fermeture des temples, la fin du système des examens  etc.. Ce qui a été  en même temps l’arrachement violent à la tradition et à l’identité  chinoise.
 Le débat sur l’occidentalisation dure  au moins un siècle. Ce débat interne n’est pas clos.
 1- Y a-t-il une modernisation chinoise possible  qui ne soit pas que de l’appropriation de surface des facteurs de réussite des pays occidentaux ?
2- Copier la modernité occidentale alors qu’on aspire à être le centre est aussi une contradiction.  

"Mais avant cela: des équipements de sports de haut niveau"               
 Il y a aussi en ville pas mal d’endroits gratuits où les gens peuvent librement entretenir leur forme physique et beaucoup de gens pratiquent différents  taiji , qigong ou même des danses de salon. La pratique de techniques physiques est répandue : en Chine pour l’instant les gens n’ont pas peur d’être ridicules, ou qu’on les critique.

- " De véritables marchands du temple. Zéro spiritualité. Alors les amis eux tout cela ils le pardonnent parce qu'ils se baladent avec leur culture ou leur guide érudit"                                                                                    
C’est le taoïsme populaire ; mais je ne me hasarderais pas à définir la spiritualité. Je crains l’ethnocentrisme. Leur « spiritualité » comprend beaucoup de pratiques physiques.
Dommage de ne pas mentionner la partie  temple du temple du  Pic de l’Est  (dans lequel se trouve le musée des traditions populaires) et ses différents enfers puisqu’il y en a des photos. C’est un des temples du  dieu du Pic de l’Est où l’empereur pouvait se rendre sans avoir à aller jusqu’au Taishan. Le Pic de l’Est au Taishan est censé être la résidence du dieu du pic de l’est, le même dieu  que celui du temple pékinois.

- Le pb des traductions :
 1 068 000 titres traduits en chinois au XX° s, et sur  plusieurs centaines d’années 3 000 ouvrages chinois traduits ds des langues européennes, quel décalage ….

 mais en ce moment beaucoup de livres sur les personnalités politiques rouges !

Les visites de   Taishan et de Qufu  peuvent-elles se raccrocher à la vision éthologique ?